Nous organisons des « meeting » avec notre « team » pour discuter du « planning ». La grande force de l’anglais, c’est sa simplicité. Mais en français, c’est une autre histoire. Quelle est la conjugaison du verbe « manager » au féminin ? Peut-on vraiment dire « manageuse » pour qualifier les femmes managers ?
D’après le Larousse, on distingue le « manager » (rôle) de son verbe associé : « manager ». Le manager est un-e spécialiste du management. Quant au verbe « manager », il se définit par les actions de diriger, organiser ou gérer quelque chose. Ou encore, très simplement : l’action de « faire du management ». L’exemple utilisé se réfère à un manager d’une équipe sportive.
« Manager » résulte d’un mélange entre l’italien et le français. La première inspiration provient du verbe italien « mannegiare » qui veut dire « avoir en main ». Autrement dit, « contrôler ». L’inspiration française quant à elle repose sur le mot « manège ». Ce dernier qualifie l’action de dresser un cheval.
Ce verbe est historiquement associé au monde masculin. Le Larousse le prouve : « manager, nom masculin ». Un manager est donc par nature un homme. Jusqu’ici, tout est clair. Mais, la réalité de la sphère professionnelle est bien plus complexe. Depuis de nombreuses années, les femmes se fraient un chemin parmi les hommes vers des rôles de management au féminin.
On trouve peu de traces de ce terme de manager décliné au féminin.
Pourtant, la Commission générale de terminologie et de néologie valide son emploi en 2000. Donc en théorie, oui, il est autorisé de parler de « manageuse » pour qualifier le leadership féminin depuis déjà une dizaine d’années.
Toutefois, la réalité est bien différente. Ce terme n’est en effet que peu – voire jamais – utilisé en entreprise.
Il semble que ce verbe de « manager » et le rôle qui l’accompagne ne s’accorde pas en genre dans la réalité.
Ce néologisme peine à entrer dans les mœurs. Cette difficulté reflète les inégalités entre hommes et femmes encore bien présentes.
Il n’en demeure que les femmes occupent de plus en plus de rôles en management d’équipes. Et cela grâce à un travail de qualité sans avoir besoin d’officialiser leur appellation grâce au terme de « manageuse ». Qu’en est-il de la réalité du terrain et de l’avenir de la « manageuse » ?
L’inclusivité du management semble être une bataille encore peu importante dans la guerre des inégalités entre les hommes et les femmes. Même si ces dernières sont de plus en plus présentes dans des rôles de management dans les entreprises.
Le leadership au féminin fait face à un plafond de verre. Ce plafond est le résultat d’une longue ère du « male breadwinner » : les hommes au travail, les femmes à la maison.
Difficile de s’émanciper d’une tradition aussi ancrée. Les conséquences de cette différenciation classique entre les hommes et les femmes dans le monde de l’entreprise sont nombreuses et tenaces :
Malgré ces embûches, la qualité du leadership féminin n’est plus à prouver. Un leadership plus collaboratif, un franc parler gage d’efficacité et une intelligence émotionnelle redoutable sont les atouts principaux des femmes. Pour capitaliser sur ces compétences, rien de tel qu’une formation au management.
Astuce : vous êtes encore réticent-e à utiliser le terme « manageuse » ? Au final, peu importe le titre que vous donnerez à votre supérieure hiérarchique ou à votre collègue. La langue française regorge de synonymes utilisables habilement. A votre disposition : « responsable » ou encore « cheffe » (qui, contrairement au mot « manager » s’accorde très bien en genre dans les mœurs). Autre astuce : parlez anglais !
Et si nous n’avions plus peur d’utiliser ce mot « manageuse » ? De nombreux néologismes entrent chaque année dans le dictionnaire. L’intégration de ce terme à notre langage courant démontrerait un formidable bond dans la réduction des inégalités entre les femmes et les hommes. En attendant ce jour, nos manageuses ont un avenir prometteur grâce à un leadership féminin énergique et efficace.