L’évolution de nos sociétés est marquée par la prise de pouvoir des outils numériques à tous niveaux de fonctionnements. Notre temporalité, fondée sur l’extraction des ressources et la production, se heurte à tel point à celle de notre planète, que l’activité humaine entre dans l’ère de l’anthropocène, où elle rejoint les forces telluriques à l’origine des dérèglements terrestres. L’instabilité de notre époque, l’imprévisibilité des événements naturels et les conséquences sociales qu’elles entraînent trouvent leur origine dans le dépassement de certaines limites auquel nous sommes associés : changement climatique, perte de la biodiversité et extinction des espèces, modification des usages du sol, perturbation des cycles biogéochimiques du phosphore et de l’azote. Les entreprises doivent savoir que leur pérennité résidera dans leur aptitude à la réorganisation, face à ces bouleversements exogènes.
Post-mondialisation
La crise sanitaire a révélé le danger (mortel) de la délocalisation de l’industrie pharmaceutique. La hausse des coûts d’approvisionnement et des salaires dans les pays émergents, la réduction des coûts de production par la robotisation, les problèmes de délai, incitent les organisations à relocaliser depuis le début des années 2000. La pandémie a accéléré ce changement en amenant les entreprises à se défaire des risques de rupture de livraison et à diversifier leurs achats auprès de fournisseurs européens. Il y a là de formidables opportunités à saisir. À l’inverse, ce sont les métiers de services qui ont tendance à prendre le large grâce aux possibilités numériques de desservir à distance. Les emplois dans le service après-vente, la logistique, la distribution, les services informatiques, l’administration, l’ingénierie, la banque assurance, sont tentés par l’exode. L’enjeu est de taille pour conserver ces emplois.
C’est bel et bien le paradigme de la transition énergétique qui sera à l’origine de la relocalisation de l’économie et de la démondialisation.
En Suisse romande, comme partout ailleurs, les entreprises doivent s’efforcer d’analyser ces mutations qui pourraient sembler lointaines, si elles n’impactaient pas déjà leurs marchés par la raréfaction des pièces détachées et des matières premières.
Post-croissance
On évalue la croissance selon le PIB, et non pas dans la notion de progrès. Existe-t-il une alternative possible à cette croissance dont on voit bien qu’elle est responsable de graves injustices sociales et dégâts environnementaux ? En 1949, l’écologiste Aldo Léopold nous livrait une proposition visionnaire : « le kilo, le quintal et la tonne ne sont pas l’unique mesure de la valeur nutritive des récoltes : les produits issus d’un sol fertile peuvent être supérieurs, d’un point de vue qualitatif autant que quantitatif ».
De nouvelles approches, entre autres dans la redistribution des revenus, la décarbonisation, la construction de logements écoresponsables, l’agroécologie et la qualité industrielle, engendreront la création de millions d’emplois, des investissements durables, un climat social apaisé et la préservation des ressources naturelles dont nous sommes les gardiens. Là encore, les entreprises romandes et leurs salariés possèdent un tel niveau de compétence que ces changements leur seront profitables si elles les anticipent et les engagent avec conscience, dans une logique d’intelligence organisationnelle leur permettant de maintenir leur efficacité durant leur transformation.
Thierry Ungaro
CEO Ad Valoris
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