Rostock, Germany - May 27, 2016: A man boulder on a climbing wall in Rostock. The wall is part of an old bunker near the baltic sea.
18 avril 2018

L’effectuation : réussir, chemin faisant

L’effectuation désigne un schéma de pensée qui ne se fonde plus sur un projet imposant ses conditions, mais sur des moyens de départ qui modèleraient le projet.
Que puis-je faire avec ce dont je dispose ? À partir de cette question, c’est vous, l’entrepreneur qui allez former l’idée de départ. Cette idée devient une opportunité à saisir, appelant à agir et engager les ressources disponibles pour bâtir le plan d’action.
L’effectuation ouvre une belle perspective entrepreneuriale en démontrant que l’idée n’est plus le seul vecteur de création d’entreprise : le contexte et les moyens dont on dispose sont des dénominateurs beaucoup plus puissants et stimulants pour agir.

Selon Wikipédia, l’effectuation correspond à une rationalité qui s’oppose au mode causal ou prédictif. Le mode causal consiste à définir un but et à déterminer les moyens pour l’atteindre. La logique effectuale évalue ses moyens et imagine des buts possibles.

Elle rejoint la vision méthodologique des experts d’Ad Valoris, qui visent un effet positif rapide des changements qu’ils induisent. En effet, le temps de comprendre les causes profondes d’un dysfonctionnement constitue un frein à sa résolution. Nous souscrivons à l’idée que les effets peuvent être des supports d’innovation et d’évolution si les objectifs amont sont bien définis. Le diable se cache dans les détails, dit-on. C’est encore plus vrai lorsque les équipes s’engagent dans une quête obsessionnelle de l’origine d’un problème, alors qu’il suffit d’intervenir sur ce qu’il produit pour trouver la solution… et remonter à sa source.

L’effectuation en cinq principes :

Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. Alors que la stratégie classique d’optimisation organisationnelle consiste à définir des buts pour ensuite trouver les ressources nécessaires à leur accomplissement, les entrepreneurs partent au contraire des moyens à leur disposition pour définir de nouveaux buts. L’entrepreneur se dit « Que puis-je faire à partir de ce que j’ai ? » L’approche « effectuale » cherche les effets possibles de moyens donnés, d’où le terme effectual. Même si, par définition, les entrepreneurs ont souvent peu de moyens, ils en ont toujours et souvent ceux-ci sont insoupçonnés. Hors une grosse levée de fonds, ces moyens sont de trois types : la personnalité de l’entrepreneur (qui va l’orienter dans telle direction plutôt que telle autre), sa connaissance (expertise de base), et ses relations (qui vont constituer son vecteur).

Raisonnement en perte acceptable. Alors que la stratégie classique à prendre des décisions sur la base d’un retour attendu que l’on doit estimer, les entrepreneurs raisonnent en termes de perte acceptable. Ils essaient quelque chose en sachant ce qu’ils peuvent perdre au pire, et ils savent qu’ils peuvent se permettre cette perte.

Patchwork fou. Alors que l’analyse de la concurrence est l’un des piliers de la démarche stratégique dans la mesure où elle permet de s’insérer dans la structure de l’industrie au sein de laquelle on se lance, les entrepreneurs s’intéressent plus à la création de partenariats avec différents types d’acteurs (parties prenantes) afin de « coconstruire » l’avenir ensemble. Ainsi, au client qui accueille l’entrepreneur venu lui présenter son nouveau produit en lui disant « Votre produit m’intéresse, mais il faudrait apporter telle et telle modification », il y a plusieurs réponses possibles. L’entrepreneur peut trouver un autre client, ou il peut adapter son produit et revenir voir le client dans quelques mois. Mais il peut aussi tenter une logique de cocréation en répondant : « OK pour apporter ces modifications, mais à condition que vous vous engagiez maintenant à m’en prendre trois. » Si le client accepte, il rejoint le projet et en devient un acteur, ayant dès lors intérêt à sa réussite. La démarche entrepreneuriale consiste donc non pas à résoudre un puzzle conçu par d’autres, mais à assembler un patchwork avec des parties prenantes qui se sélectionnent elles-mêmes, sans que l’on puisse dire à l’avance avec qui le patchwork sera créé, et donc quelle forme il prendra.

La limonade. Alors que la planification stratégique a pour but d’éviter les surprises, les entrepreneurs accueillent celles-ci favorablement et en tirent parti. Autrement dit, si on vous donne des citrons, vendez de la limonade. Vous démarrez sur une idée, et partez sur une autre à la suite d’une observation fortuite, d’une suggestion d’un client ou d’un accident.

Le pilote dans l’avion. Ces principes conduisent à passer d’une logique de prédiction (essayer de deviner le marché) à une logique de contrôle (l’inventer). La stratégie classique se résume ainsi : « Dans la mesure où nous pouvons prévoir l’avenir, nous pouvons le contrôler. » L’effectuation inverse cette logique en indiquant que « Dans la mesure où nous pouvons contrôler l’avenir, nous n’avons plus besoin de le prévoir. » Derrière cette logique de contrôle se dessine une vision créatrice de l’entrepreneuriat, selon laquelle le rôle de l’entrepreneur est de créer de nouveaux univers, et non de découvrir les univers existants. La logique de contrôle signifie également que dans la démarche entrepreneuriale, c’est l’action qui est privilégiée à l’analyse. L’action est source d’apprentissage, mais aussi de transformation de l’environnement. Action, transformation et cognition sont étroitement liées.

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