À l’heure où le cycle de vie de 50 % des nouvelles entreprises suisses ne dépasse pas cinq ans, Dupin 1820 signe son identité visuelle avec une date de création bicentenaire. Pascal Luthy répond à nos questions sur la longévité de son entreprise familiale et sur ce qui la prolongera.
Ad Valoris : Parlons de la genèse. Qu’est-ce qui a conduit Auguste Dupin à créer son entreprise ?
Pascal Luthy : C’est en 1820 qu’Auguste Dupin a ouvert son modeste atelier d’encadrement et de décoration à la rue du Rhône, une adresse ordinaire à l’époque. Son affaire s’est bien développée grâce à une clientèle bourgeoise soucieuse de qualité, qui a su apprécier à la fois le goût et le savoir-faire de ce maître artisan intègre et talentueux.
Après plusieurs générations prospères, au milieu du siècle dernier, les deux dernières héritières, deux sœurs sans descendance, n’étaient plus en mesure de transmettre et perpétuer l’entreprise familiale. C’est à ce moment que mon grand-père, Albert Luthy, est intervenu. Il a racheté la société avec l’idée de l’intégrer à son propre commerce de papiers peints, afin d’élargir ses services de décoration d’intérieur, alors en plein essor dans l’après-guerre genevois.
Comment votre frère associé et vous-même avez-vous poursuivi l’évolution de la maison Dupin après avoir succédé à votre père ?
Mon père a indéniablement joué un rôle-clé dans l’essor international de notre marque. Mon frère et moi-même avons maintenu cette vision de croissance, grâce à un modèle économique fondé sur le service global, que nous avons notamment développé également à l’international. À titre d’exemple, notre département cuisines et salles de bains, créé il y a 15 ans, est aujourd’hui un pôle autonome, consulté aussi bien en interne par nos architectes, que par des clients privés et des promoteurs développeurs.
Par ailleurs, pour faire face à l’actuel engouement pour le mobilier de design industriel, nous avons préféré privilégier l’accompagnement de nos clients, avec nos valeurs d’architectes d’intérieur et de décorateurs.
C'est en défendant nos valeurs fondatrices et en continuant à innover que l'entreprise continuera de prospérer
Il y a six ans, vous avez intégré votre propre fille. Était-ce une démarche familiale naturelle ou un pari fondé sur la valeur ajoutée ?
Je n’ai jamais poussé mes enfants à rejoindre l’entreprise. J’ai toujours souhaité que, si cela devait se produire, ce soit uniquement motivé par la passion du métier et une perspective tangible pour l’entreprise. Notre taille ne nous permet pas de recruter sans une contrepartie à forte valeur ajoutée.
Formée à l’École hôtelière de Lausanne, ma fille Alix s’y est passionnée pour la création d’ambiances, au point de vouloir se spécialiser dans cet art. À l’issue d’une formation d’architecte d’intérieur à Paris, elle a exprimé son désir de rejoindre Dupin 1820, avec l’objectif de développer sa propre clientèle parmi les nouvelles générations. Nous avons immédiatement perçu l’intérêt d’une forme de démocratisation générationnelle de notre marque en élargissant nos offres et services d’accompagnement dans les projets de nos clients.
Quel bilan tirez-vous de cette expérience ?
La collaboration intergénérationnelle est un atout pour les entreprises influencées par les tendances, et probablement pour toutes les entreprises. Les évolutions organisationnelles et méthodologiques impulsées par le numérique, ainsi que les priorités sociétales des nouvelles générations, nous obligent à cultiver un regard neuf et à porter un projet d’entreprise en phase avec son temps. Historiquement, nous nous adressons à des clients éduqués avec une certaine sensibilité pour l’exception. Toutefois, les fonctionnalités, les styles, et les besoins évoluent d’une génération à l’autre. L’arrivée d’Alix a coïncidé avec notre réflexion prospective sur la répartition de la clientèle, alors composée majoritairement des clients particuliers. Depuis son arrivée, nous avons considérablement développé notre activité
«B to B», ce qui nous permet de pénétrer plus efficacement le marché des promoteurs immobiliers et d’offrir des solutions intégrées, notamment avec nos départements cuisines, armoires et dressing, et un accompagnement en architecture d’intérieur de notre clientèle.
Quels conseils donneriez-vous au prochain dirigeant de Dupin 1820 ?
Je conseillerais de toujours écouter son cœur et de rester fidèle à notre engagement, sans jamais transiger sur la qualité et la créativité. C’est en défendant nos valeurs fondatrices et en continuant à innover que l’entreprise continuera de prospérer.
Les mots de Pascal Luthy
« La collaboration intergénérationnelle est un atout pour les entreprises influencées par les tendances, et probablement pour toutes les entreprises. »
Pascal Luthy
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