Copier un modèle n’est pas une stratégie
Les entreprises évoluent aujourd’hui dans un paysage managérial saturé de modèles prêts à l’emploi. La tentation est forte d’en assembler quelques-uns — un peu de Spotify pour l’agilité, une dose d’Holacracy pour l’autonomie, une touche de Lean pour la rigueur.
Mais cette imitation, sous couvert de modernité, fragilise plus qu’elle ne renforce.
En important des structures conçues pour d’autres cultures, de nombreuses organisations s’éloignent de leurs fondations et perdent la fluidité qui faisait leur force.
Les réorganisations se succèdent, la clarté se dilue, les équipes s’épuisent.
Ce qui devait libérer finit souvent par désaccorder l’ensemble.
Le mythe du modèle universel
L’idée qu’il existerait une “bonne” manière de s’organiser reste profondément ancrée dans les pratiques managériales.
Pourtant, chaque entreprise repose sur un équilibre spécifique entre son histoire, sa culture et son environnement.
Reproduire un modèle “qui marche ailleurs”, c’est ignorer trois leviers essentiels :
- L’histoire, qui nourrit la mémoire collective et façonne les réflexes décisionnels ;
- La culture, qui structure la confiance, les comportements implicites et la relation au risque ;
- Le contexte, qui impose son propre tempo — taille, marché, contraintes sectorielles.
C’est ainsi que des ETI familiales se déguisent en startups, que des industries lourdes empruntent le langage des géants du numérique, ou que des PME se dotent de structures conçues pour des multinationales.
Résultat : les repères se brouillent, la coordination se grippe, et la performance devient erratique.
Faire émerger son modèle plutôt que l’importer
Les transformations durables ne se décrètent pas : elles se construisent à partir de ce qui existe déjà.
Avant de chercher un modèle, il faut comprendre ce qui rend une organisation singulière — ses automatismes, ses codes tacites, ses leviers naturels de performance.
Cette approche, que l’on peut qualifier d’ADN-first, consiste à :
- Observer avant d’agir : identifier les dynamiques réelles de coopération et de décision, là où la performance se joue au quotidien.
- Faire évoluer par continuité : renforcer les forces culturelles au lieu de les effacer, pour préserver la confiance et l’ancrage collectif.
- Co-construire la structure cible : associer les équipes à la définition des rôles et des modes de fonctionnement, afin que la transformation soit vécue, non imposée.
Le résultat : une organisation qui s’adapte en profondeur sans se renier, et qui progresse au rythme de sa propre maturité.
L’identité organisationnelle, un véritable levier de différenciation
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L’équilibre vivant entre culture et structure
Lorsqu’une structure épouse la culture de l’entreprise, les décisions deviennent plus fluides, les responsabilités plus lisibles, et les arbitrages plus rapides.
Ce que l’on nomme souvent “agilité” n’est alors plus un modèle à copier, mais la conséquence naturelle d’un fonctionnement aligné.
À l’inverse, les organisations qui superposent des logiques incompatibles — hiérarchie stricte et autonomie totale, contrôle budgétaire et expérimentation libre — s’épuisent à compenser leurs propres contradictions.
Elles ne manquent pas d’outils, mais de confiance interne.
L’énergie se disperse dans la friction, au lieu d’être investie dans la création de valeur.
La justesse comme stratégie durable
À mesure que les pratiques se standardisent et que les outils convergent, l’identité organisationnelle devient un véritable levier de différenciation.
Une entreprise qui s’appuie sur ses repères profonds gagne en clarté, en engagement et en lisibilité — pour ses collaborateurs comme pour ses partenaires.
La performance ne vient donc pas de la conformité, mais de la justesse :
celle d’une structure en harmonie avec sa culture, d’un modèle adapté à son histoire, et d’un fonctionnement à la fois stable et évolutif.
Les méthodes peuvent inspirer, mais la transformation véritable consiste à composer sa propre forme, issue de son expérience et de son ambition.
Une organisation qui se connaît agit avec assurance.
Elle n’imite plus : elle trace sa voie, à son rythme, selon sa nature.
C’est là que naît la performance durable.
Une organisation qui se connaît agit avec assurance
3 points clés à retenir
- Les “best practices” ne sont jamais universelles
Leur transposition sans adaptation fragilise la confiance interne. - L’efficacité naît de la correspondance entre culture, structure et intention stratégique
- Construire son propre modèle, c’est transformer son identité en levier de performance durable.
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