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Audrey Daumain et Thierry Ungaro, regards intimes sur le changement

En quelques mots

Interview croisée d'Audrey Daumain, Executive Coach & Experte en Gestion du Changement, et Thierry Ungaro, dirigeant d’Ad Valoris.

Dire que nos expériences et nos apprentissages personnels structurent notre vision du monde est une évidence. Or, ils ne semblent jamais mieux se révéler que lorsqu’ils sont mis en perspective avec d’autres vécus, d’autres témoignages.

Audrey Daumain, Executive Coach & Experte en Gestion du Changement, et Thierry Ungaro, dirigeant d’Ad Valoris, échangent en huis clos sur leur perception d’un phénomène indissociable de l’aventure humaine : le changement.

Pour Héraclite, on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. Selon lui, les éléments fluctuent en permanence et rendent uniques des expériences en apparence similaires. Qu’en pensent nos invités ?

 

Comment se caractérisent les grands changements actuels ?

A.D. Notre temporalité n’est pas une succession « d’avant » et « d’après ». Elle s’inscrit dans une évolution poreuse composée de nos vécus, de nos rencontres, de nos choix, mais aussi des événements et des contextes exogènes. La nécessité, voire souvent la volonté de changement est actuellement très largement accélérée par la numérisation du monde et nos aspirations à toujours aller plus vite, à la découverte de nouvelles aventures technologiques au service de l’humanité — ou pas d’ailleurs… J’aimerais voir dans les courants actuels davantage d’intentionnalité.

T.U. Le changement est inhérent à la condition humaine, et il a toujours été présent au fil de notre histoire. Cependant, ce qui caractérise le changement actuel, c’est la fréquence et l’intensité sans précédent avec lesquelles les transformations se produisent. Ce phénomène est principalement dû à l’interconnexion croissante des systèmes économiques, politiques, sociaux et technologiques à l’échelle mondiale, ainsi qu’à l’émergence rapide de nouvelles technologies et idées. Il devient ainsi de plus en plus difficile de prévoir et d’anticiper les transformations à venir, rendant toute planification complexe et incertaine. Ce qui peut créer du stress et de l’anxiété. Le changement est plus que jamais un principe actif permanent que l’on doit vivre, plutôt que de tenter de le gérer.

 

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Dans l’entreprise comme dans la vie, sur quel sens doit reposer le changement pour qu’il soit accepté ?

A.D. Il ne s’agit pas pour moi de sens, mais de besoin. Une fois décidés, les processus de changement sont souvent engagés dans une certaine urgence par les noyaux stratégiques, provoquant un sentiment d’atteinte à la liberté, voire d’autoritarisme. La liberté étant un besoin capital pour l’être humain, le changement ne peut être correctement conduit que s’il s’inscrit dans un projet intelligible, offrant le temps et l’espace utiles à sa compréhension et acceptation. Accepter ce n’est pas forcément être d’accord, mais cela signifie se l’approprier et lui donner sa chance.

T.U. Dans l’entreprise comme dans la vie, l’acceptation du changement repose généralement sur le sens, c’est-à-dire la compréhension claire et partagée des raisons pour lesquelles le changement est nécessaire et des bénéfices qu’il apportera. Je rejoins néanmoins Audrey sur le fait que le seul sens ne suffit pas. Il doit reposer également sur une participation active, une communication ouverte, un soutien adéquat et une reconnaissance des efforts et des réussites. Une chose est certaine cependant, on ne peut pas faire changer tout le monde, très vite et en même temps.

Le changement

Avec la crise écologique, devons-nous intégrer dans notre parcours de vie ce « présent » long biologique qui nous dépasse ?

A.D. La question interroge à la fois notre qualité de vie immédiate et celle des générations futures. Si nous sommes tous concernés par les enjeux écologiques, nous poursuivons aussi des objectifs parallèles dans un espace de pensée et de perception propre ; chacun doit pouvoir continuer à se réaliser, mais dans une démarche éthique désormais cruciale.

T.U. Oui, il est important d’intégrer le concept de « présent long biologique » dans notre parcours de vie, car cela nous permet de prendre conscience des conséquences à long terme de nos actions sur l’environnement et les écosystèmes. La crise écologique actuelle souligne l’importance de repenser notre approche de l’histoire humaine et de notre relation avec la nature. Pour ma part, je considère que ce « présent » long biologique est ce qui nous dépasse, ou plutôt ce qui nous prolonge. C’est l’héritage que nous laisserons à nos enfants.

 

Qu’est-ce qu’une croissance économique juste ?

A.D. Un essor qui apporte un bienfait général à chaque nouvelle proposition technologique ou sociale. Il est quasi impossible de donner à la justice un sens commun à tous. Une croissance économique pourrait être juste si expliquée comme une création de richesse produite sans causer de tort à autrui. Un rêve, donc.

T.U. Une croissance économique juste est un concept qui vise à assurer que la croissance économique profite à l’ensemble de la société de manière équitable et durable. Elle implique de résoudre les problèmes d’inégalité, d’injustice sociale et de durabilité environnementale. Peut-il y avoir une croissance économique juste dans le système néolibéral actuel ? Je ne le pense pas.

 

Pensez-vous que les changements que nous entreprenons s’inspirent en réalité d’une dynamique préexistante ?

A.D. Pour ma part, ce sont mes expériences et une certaine culture de l’introspection qui m’ont permis d’engager de grands changements personnels. C’est peut-être même une forme de modèle : se faire confiance, mais ne pas se reposer sur la sécurité des acquis, faire le point régulièrement sur ses intentions profondes et vivre chaque étape de la vie avec la même intensité et la même énergie : qu’elles soient heureuses ou malheureuses.

T.U. L’histoire humaine et la culture sont des processus cumulatifs où les connaissances, les expériences et les idées sont transmises d’une génération à l’autre. En conséquence, il est naturel que les changements que nous engageons soient influencés par ce qui nous a précédés. À titre personnel, mes évolutions majeures ont été alternativement motivées par des événements imprévus ou des buts que je me suis fixés. Ceux-ci sont-ils le fruit de mon libre arbitre ou m’ont-ils été dictés par ce qui m’a précédé ? Probablement les deux. Mais aucun modèle ni biographie n’est intervenu dans mon cheminement personnel.

 

Quelle est votre définition du bonheur ?

A.D. Le bonheur n’est pas un état statique. C’est un mode de vie. Être heureuse ne représente pas une émotion temporelle, mais une façon de me faire confiance, de m’écouter et de prendre soin de moi et des gens qui m’entourent. Je suis heureuse parce que même dans la tristesse je trouve espoir, dans la perte d’une idée et dans la douleur, un réconfort.
T.U. Être heureux est un état d’esprit ! Il se cultive et ne se vit pleinement que dans le moment présent.

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« La nécessité, voire souvent la volonté de changement est actuellement très largement accélérée par la numérisation du monde et nos aspirations à toujours aller plus vite, à la découverte de nouvelles aventures technologiques au service de l’humanité — ou pas d’ailleurs… J’aimerais voir dans les courants actuels davantage d’intentionnalité. »

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