Ad Valoris s’entretient avec Sabrina Cohen Dumani, fondatrice et CEO de la fondation Nomads

La fondation indépendante Nomads, reconnue d’utilité publique, invite à une réflexion sur l’avenir et se présente en architecte d’écosystèmes et catalyseur du changement.

Elle supervise et coordonne quatre « hubs » portant sur la mobilité, l’efficience énergétique, le futur des jobs et le contrat social 4.0. Sabrina Cohen Dumani répond à nos questions sur la redéfinition d’un progrès au service d’une société innovante, inclusive et durable.

Quelle est la vocation de Nomads ?

Sabrina Cohen Dumani. Notre fondation a pour but d’initier et cultiver un dialogue professionnel autour des prospectives sociales et environnementales intéressant notre région. Nos différentes plateformes de cocréation et d’intelligence collective s’alignent sur les 17 objectifs de développement durable portés par l’agenda 2030 de la Confédération.

Dans ce cadre, nous valorisons le changement et la mise à niveau des compétences, l’éthique dans le travail, la transition énergétique, la mobilité ; nous participons concrètement à des projets consacrés à l’hydrogène, la décarbonation du bâtiment, l’emploi et la formation, l’engagement bénévole, l’économie circulaire, le numérique responsable.

Vous convoquez l’intelligence collective sur les grands défis du monde. Comment s’assurer qu’elle se mettra au service du bien ?

Je pense qu’il n’y a pas d’intelligence dans le mal ; l’intelligence se définit dans l’altruisme et non pas une croissance mercantile et cynique. Les réflexes égoïstes engendrés par la révolution industrielle et la spéculation financière du XXe siècle font maintenant face à l’évolution des mentalités et aux bouleversements environnementaux résultant de la surproduction et de la dérégulation. Ensemble, nous devons redéfinir les bonnes conditions de l’aventure humaine dans le respect des ressources naturelles et de la justice sociale.

Téléchargez notre livre blanc pour réussir votre stratégie d’entreprise 

Mais, comment conduire une réflexion éthique avec des professionnels contraints par la structure, la matière, la rentabilité ?

Nos projets réunissent les principaux acteurs du changement. Aujourd’hui, les services publics, les entreprises, les chercheurs, les enseignants et les citoyens sont conscients des défis à relever pour sauver – ni plus ni moins – notre biotope et éviter les désastres résultant de la surexploitation des richesses naturelles.

La fondation NOMADS constitue une remarquable opportunité de partage pour les composantes de la société civile, sans risque de clivages politiques et de prises de position idéologiques. Nous nous rejoignons sur les menaces à combattre et les progrès possibles.

Comment animez-vous vos hubs ?

Nous organisons des programmes de rencontres sur des thématiques précises, durant lesquels les participants collaborent à l’émergence d’idées réalistes, mais également témoignent des bonnes pratiques et échangent sur les innovations de leurs secteurs professionnels. Nous cherchons à identifier les leviers susceptibles d’être mis en œuvre, mais aussi les prospectives préfigurant les grandes évolutions en marche.

Notre but est la création d’un pouvoir cérébral mû par la compétence et l’expérience. La plupart des intervenants sont actifs et s’inscrivent eux-mêmes dans un processus de changement, pour leur entreprise et ses ressources humaines. Nous invitons également des experts, y compris politiques, dans le but de faciliter la compréhension des enjeux.

Nous assistons à l’émergence d’une techno-lutte résultant de la crainte de la « machinisation » du travail. Que pensez-vous de ces résistances ?

Il est vrai que derrière la coopération offerte par la technologie numérique, se cachent souvent le contrôle et la manipulation des données. C’est un thème d’actualité, à l’heure où l’on sait que l’économie du Net se base sur la captation des informations pour mieux vendre.

C’est justement la vocation de la fondation NOMADS que de travailler sur ces grands défis contemporains, de sensibiliser, de former, puis de faire agir au sein des organisations.

À titre personnel, j’attends des autorités suisses qu’elles se mobilisent pour protéger les citoyens et les entreprises des dérives du big data.

Si vous aviez un superpouvoir politique, que feriez-vous ?

Je pense qu’il manque une force au dispositif démocratique : celle des sages.
Je créerais un G10 des sages, dans lequel la spiritualité, l’esprit, l’utopie, l’idéal pourraient faire porter leur voix.

Et, pour terminer cette interview : si vous pouviez vous entretenir avec un personnage célèbre, lequel choisiriez-vous ?

Platon ou Socrate, et pourquoi pas les deux, que je confronterais aux concepts de notre siècle. Que penseraient-ils de notre évolution ?

« Je pense qu’il n’y a pas d’intelligence dans le mal ; l’intelligence se définit dans l’altruisme et non pas une croissance mercantile et cynique. Ensemble, nous devons redéfinir les bonnes conditions de l’aventure humaine dans le respect des ressources naturelles et de la justice sociale. »

Sabrina Cohen Dumani